SANTANA IV: Live at The House of Blues, Las Vegas (DVD-2016)
Ce show date du 21 mars 2016 et nous montre ce groupe mythique dans sa version quasi originale. Outre le génial Carlos, on peut voir le fabuleux guitariste Neal Schon et l’organiste-chanteur Gregg Rolie, tous deux ayant participé aux débuts de l’aventure Santana avant de fonder Journey. Avec, en plus, la présence du batteur Michael Shrieve et du percussionniste Michael Carabello, on pourrait se croire revenu au début des seventies. Une bonne partie du concert est consacrée aux titres du dernier album en date (Santana IV) mais les vieux standards ne sont pas oubliés. Carlos prouve qu’il n’a rien perdu de sa dextérité sur « Soul Sacrifice », agrémenté d’un solo de percussions et de batterie. Il se fait un peu plus rock sur « Evil Ways », chanté par l’organiste Gregg Rolie qui présente ensuite les musiciens puis annonce un Neal Schon fin prêt pour un bel échange de six-cordes. Les mêmes Gregg et Neal se fendent chacun d’un excellent solo sur « Anywhere You Want To Go ». On peut aussi souligner les exercices à la tierce auxquels se livrent Carlos Santana et Neal Schon sur « No One To Depend On » et la superbe intro de « Blues Magic » avec l’inimitable guitare de Carlos. Bien entendu, « Black Magic Woman/Gipsy Queen » et « Toussaint Louverture » (cocktail latino/jazz-rock) sont aussi de la fête. Une légende de la musique fait également son apparition en la personne de Ronald Isley (des célèbres Isley Brothers) qui chante sur « Love Makes The World Go Round » et « Freedom In Your Mind ». Évidemment, à la longue, au bout de vingt-quatre morceaux, le style de Santana peut légèrement lasser. Mais on ne peut que saluer la créativité musicale du père Carlos qui a su mélanger savamment le rock, la musique latino et mexicaine, le jazz et les rythmes africains. Finalement, c’est peut-être lui l’inventeur de la world music. En tout cas, il fait assurément partie de la race restreinte des grands guitaristes encore en activité qui entreront dans la légende. Pour preuve, le sublime « Samba Pa Ti » qui provoque toujours autant d’émotion dans le public des décennies après.
Olivier Aubry
Souvenez-vous la tournée de Santana cet été en Europe. Alors que sur les affiches, il était indiqué Santana IV, ce qui laissait supposer que le groupe original serait de la partie, les pauvres spectateurs européens ont assisté à un concert habituel du groupe, sans Neal Schon, ni Gregg Rolie, Michael Shrieve, Michael Carabello, Benny Rietveld ou Karl Perazzo. Le concert qui nous est proposé ici est d’une toute autre trempe. Enregistré à la House of the Blues de Las Vegas où le groupe semble avoir pris ses quartiers un peu comme Céline Dion (désolé je ne le referai plus) il nous propose la formation des trois premiers albums et c’est carrément une autre paire de manches. Cela fait combien de temps que « Soul Sacrifice » n’avait pas ouvert un show du groupe avec cette puissance, cette force, ce décollage puissant et implacable ? Et depuis combien de temps Michael Carabello et Karl Perazzo ne nous avaient pas offert en apéritif un tel récital de percussions. Et on enchaîne sur « Jingo » les petites teignes chicanos sont de retour et malgré leur âge respectable ils font sacrément bien le job.
Dans ce concert le père Carlos joue, il prend des chorus incisifs (« Shake It ») d’autant qu’à ses côtés Neal Schon est là, et que le Rolie tapisse avec ses claviers le tableau. Et côté percussions, outre les deux lascars déjà cités, Michael Shrieve a retrouvé son groove, son feeling, lui qui a marqué des générations de batteurs avec sa prestation à Woodstock. Je n’ai pas encore évoqué le chant. Pourtant une grande partie de la puissance et de la qualité du show provient des vocaux. Ce ne sont plus les deux clowns habituels qui arpentent la scène en prenant des poses pour tenter de se faire pâmer les filles des premiers rangs, mais le trio Rolie/Schon/Santana qui est à la manœuvre. L’impression que la musique et les paroles sont ressuscitées. Les guitares retrouvent leur jeunesse, l’orgue est présent et la folle sarabande des percussions envoie le groupe dans les étoiles. C’est un festival lumineux de guitares, Neal Schon répondant aux envolées de Carlos comme de vieux copains qui sont heureux de se retrouver. Nous avons été privés de tout ce bonheur.
Michel Bertelle